L’enseignement scolaire au Togo
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Le Togo, pays de l'Afrique
occidentale, occupe par sa politique éducative et d’alphabétisation,
le dix-septième rang dans la
liste des vingt-huit pays
du monde à faible revenu
Selon le classement réalisé par l’UNESCO dans son Rapport mondial de suivi du programme Education Pour Tous, publié en 2013/2014, le Togo occupe, par sa politique éducative et d’alphabétisation, le 17e rang dans la liste des 28 pays du monde à faible revenu.
Malgré des progrès significatifs en matière de couverture scolaire au cours de la première décennie de l’an 2000, le pays est encore loin de l’objectif d’universalisation de l’enseignement primaire. Un taux de redoublement très élevé est aussi à déplorer (22,9%). L’éducation scolaire est considérée par les autorités politiques comme un secteur prioritaire de réduction de la pauvreté. Aussi lui sont allouées 24% des ressources du pays.
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Une forte disparité dans l’éducation scolaire
Il existe au Togo une forte disparité dans l’éducation scolaire des jeunes garçons et des jeunes filles dans les zones urbaines et rurales. Alors que 96 % des garçons habitant en ville accèdent au premier niveau de l’Enseignement primaire, Cours préparatoire 1ère année,
seulement 43 % des filles vivant en milieu rural et appartenant à la couche sociale la plus pauvre de la population, y accèdent. Et, si l’on peut dénombrer 88 % des garçons des villes scolarisés jusqu’à la fin de l’Ecole primaire, seules 53 % des filles des zones appartenant aux couches moyennes parviennent à la fin de ce cycle.
Dans la Région des Savanes, près de 20 % des élèves qui fréquentent une école publique doivent parcourir plus de 3 km pour aller de leur domicile à l’école. Ce qui se traduit par un parcours de 12 km en une journée, en raison de la pause du milieu du jour qui les oblige à rentrer chez eux (Source : Banque mondiale, mai 2003).
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Au total, il ne fait pas de doute que la Région des Savanes (avec les régions du centre et du nord, dans une bien moindre mesure) est spécialement défavorisée au plan de l’offre scolaire. Cette situation est imputable aux réalités économique, politique et sociale du pays, cause d’une inégalité dans l’accès à l’éducation scolaire. L’absence d’une couverture adéquate de services éducatifs a favorisé, d’une part, un développement de l’enseignement privé en milieu urbain pour les parents qui peuvent acquitter les frais de scolarité et, d’autre part, la création d’Ecoles d’Initiative Locale (EDIL), principalement en milieu rural. Ces écoles se retrouvent surtout dans les zones où l’offre scolaire publique ou privée est insuffisante, voire inexistante.
Les parents de la Région des Savanes, la plus pauvre du pays, doivent consentir de gros efforts pour la scolarisation de leurs enfants. Les enquêtes menées sur place aboutissent à la conclusion suivante : l’existence des EDIL justifie une demande effective de la part des familles pour la scolarisation de leurs enfants, les plus gros efforts reposant ainsi sur les épaules des familles les plus démunies.
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Une disparité flagrante, dont les effets rendent manifestement compte d’une différentiation sociale, est ainsi constatée dans l’appropriation des ressources en matière d’éducation : les garçons s’approprient
20 % de ressources de plus que les filles, les urbains : 38 % de plus que les ruraux, les élèves appartenant aux couches sociales les plus aisées : 111 % de plus que ceux des milieux les plus pauvres. Les jeunes de la Région éducative Lomé-Golfe : 124 % de plus que ceux de la région des Savanes. Les deux facteurs discriminants résident, d’une part, dans la richesse économique du ménage et, d’autre part, dans la localisation de la zone d’habitation. La Région des Savanes étant, de ce fait, la moins favorisée en matière de couverture
éducative.
L’enseignement du Premier Degré
Du Cours préparatoire 1ère année au Cours moyen 2e année
Dans le système éducatif du Togo, l’offre de scolarisation dans le premier degré se répartit en trois grandes catégories :
a) l’enseignement public ;
b) l’enseignement privé, que l’on peut qualifier de classique et qui regroupe les établissements privés et confessionnels ;
c) les Ecoles d’initiative locale (EDIL) en milieu rural dont la création remonte au milieu des années 1990. Une EDIL n’est agréée par l’Education nationale qu’après plusieurs années de fonctionnement et elle peut bénéficier localement d’un appui de l’Etat (Source : Banque mondiale, mai 2003).
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Les enseignements publics et privés confessionnels sont implantés sur toute l’étendue du territoire national. L’enseignement privé laïc est concentré presque exclusivement dans les grandes agglomérations, surtout à Lomé, la capitale du pays, qui regroupe plus de 80 % des élèves scolarisés dans ce type d’établissement.
Les abandons précoces en cours de cycle dans
le premier degré
Dans le premier degré, les abandons en cours de cycles sont relativement nombreux, notamment pour les filles en milieu rural et les garçons ruraux de milieux défavorisés. Une telle situation rend compte de l’échec de la politique éducative et de son programme de réduction de la pauvreté. Aussi s’avère-t-il indispensable de pallier aux causes génératrices des abandons de scolarité en investissant les moyens nécessaires susceptibles de garantir une fidélisation des enfants durant les années d’acquisition des compétences de base telles que la lecture et l’écriture. Seule cette fidélisation peut favoriser une acquisition du capital humain minimal, voire une alphabétisation irréversible pouvant prémunir les jeunes, une fois arrivés à l’âge adulte, contre un état d’extrême pauvreté.
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La fréquence des redoublements
Le redoublement a toujours été important dans le système éducatif togolais. Suivant les conclusions du rapport de la Commission d’étude du système éducatif, réalisé par la Banque mondiale en 2003-2004 : on comptait, par exemple, 36 % de redoublants dans le primaire en 1990 comme en 1980, et cela reste vrai aujourd’hui avec 24 % de redoublants dans le premier degré, 18 % dans le second et 29 % dans le troisième. On peut observer toutefois une tendance à la baisse sur les dix dernières années : de 36 à 24 % dans le premier degré, de 33 à 18 % dans le second et de 39 à 29 % dans le troisième degré. Cela traduit des progrès très substantiels, même si les chiffres d’aujourd’hui, en particulier dans les premier et troisième degrés sont encore beaucoup trop importants. Rappelons que les éléments disponibles, aussi bien les analyses sur données individuelles dans des enquêtes nationales (Programme PASEC, voir note ci-dessous) que les données comparatives internationales, montrent que l’argument, selon lequel les redoublements seraient justifiés par des raisons liées à la qualité de l’éducation, n’est pas validé par l’expérience. Il existe de bons systèmes scolaires (bon niveau d’apprentissage des enfants) qui ont des taux de redoublement faibles ou élevés (pas de relation significative, en moyenne, entre niveau d’apprentissage des élèves et fréquence des redoublements) ; de même, au niveau individuel (sauf pour les élèves particulièrement faibles), ceux que l’on fait redoubler – en principe pour leur bien – ne progressent pas mieux en redoublant que s’ils avaient été promus d’emblée dans la classe supérieure.
Par contre, si les redoublements ne sont pas positivement corrélés avec la qualité des systèmes, ils sont connus pour :
a) provoquer un gaspillage de ressources publiques,
b) exacerber les abandons précoces en cours d’études.
En effet, les familles voient, dans le redoublement imposé à leur enfant, que celui-ci n’est pas performant et ne profite pas bien de sa présence à l’école. Comme le coût des investissements des familles pour la scolarisation des enfants est toujours un argument opposé à la fréquentation scolaire, le redoublement incite les parents à retirer leur enfant de l’école. Les observations empiriques montrent que ces impacts négatifs du redoublement sont spécialement marqués dans les situations où la demande scolaire est par ailleurs plus faible (scolarisation des filles et des enfants de milieux économiquement défavorisés).
Au total, si ces observations n’invitent pas à préconiser une politique de promotion automatique généralisée (qui poserait des problèmes par ailleurs), elles conduisent toutefois à souligner qu’un pourcentage de redoublants de l’ordre de 10 % doit sans doute être considéré comme un objectif tout aussi souhaitable que réaliste.
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Il est enfin utile de mentionner que nombre de pays africains (essentiellement francophones) cherchent aujourd’hui à réduire fortement la fréquence des redoublements au sein de leurs systèmes scolaires.
Tous ces pays ont considéré qu’une bonne façon de faire était de :
a) mettre en place trois sous-cycles au sein du niveau primaire
(CP1 et CP2, CE1 et CE2, CM1 et CM2) correspondant à des blocs de compétences bien identifiées ;
b) ne pas autoriser de redoublement au cours de chacun de ces sous-cycles de deux années ;
c) limiter la fréquence des redoublements entre sous-cycles consécutifs.
Associée à la mise en place d’instruments pour aider les enseignants à détecter les déficiences des élèves en cours de sous-cycle et à y remédier de manière pertinente, cette structure est en fait porteuse d’une gestion pédagogique mieux maîtrisée et d’une amélioration de la qualité des services éducatifs offerts.
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Il existe une forte demande de scolarisation au Togo
Au niveau du premier degré d’enseignement, l’existence des EDIL (Ecole d’Initiative Locale) et l’importance du financement privé (dans les établissements privés, mais aussi dans les établissements publics et évidemment les EDIL), prouvent, sans l’ombre d’un doute, qu’il existe au Togo une forte demande de scolarisation. Une politique adéquate d’offre scolaire généralisée, de qualité convenable et de coût limité pour les familles (en particulier pour les familles qui vivent dans des conditions économiques précaires), devrait donc permettre à l’Etat [d’assurer ses obligations de tutelle en faisant prévaloir, surtout dans les régions les plus pauvres du pays, l’investissement des moyens adéquats pour un accès à l’école de tous les enfants scolarisables]. (Source : Département du développement humain, Région Afrique- Banque mondiale, © Mai 2003).
Notre évaluation des données relatives aux analyses
du système éducatif du Togo
Après une évaluation de la situation globale de l’Education scolaire au Togo, référée aux enquêtes et statistiques présentées ci-dessus, les deux associations partenaires, Menas-Togo et ASSEDD-TOGO, œuvrent, de concert, pour favoriser une alphabétisation irréversible des enfants dès les premières classes. L’offre éducative dans les deux établissements, La-Dormition-de-la-Mère-de-Dieu d’Ahépé et Saint-Jean-Chrysostome de Notsè, vise à offrir, dans les premiers niveaux de l’Ecole primaire, la gratuité des frais de scolarité et, dans les classes de niveaux supérieurs, une participation financière des parents réduite à un coût minimal, voire symbolique.
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Parrainage des élèves
Un parrainage des enfants pauvres et défavorisé est assuré par les membres et les amis de notre association. Ce parrainage consiste en une prise en charge des frais d'écolage, ainsi que l’achat des fournitures scolaires de l'élève que le parrain ou la marraine choisit de prendre sous sa protection. Une trentaine d’enfants orphelins ou de familles pauvres bénéficient d’une offre de parrainage depuis la rentrée scolaire 2016-2017. Que les généreux parrains et marraines trouvent ici l’expression de notre profonde gratitude.
La maîtrise d'un socle de compétences
L’offre éducative veille également à permettre aux élèves, dès les premières classes, la maîtrise d’un socle de compétences qui prend appui sur les fondamentaux de l’éducation, tels que l’écriture, la lecture et le calcul. Ce socle garantit l’acquisition d’un capital humain minimal et une alphabétisation que nous souhaitons irréversible.
Note :
Le Programme PASEC est le Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la Conférence des Ministres de l'Education des pays africains et malgache d'expression française (CONFEMEN)
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"La CONFEMEN est la plus ancienne institution de la Francophonie. Elle oeuvre, depuis sa création en 1960, pour la promotion de l’éducation et de la formation professionnelle et technique. Elle représente un espace de valeurs partagées, d’expertise et de solidarité agissante dans lequel s’enracine son appartenance au monde francophone. Elle compte aujourd’hui 44 États et gouvernements membres."
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Le Programme PASEC : créé en 1991, il vise à mettre en relation les aspects quantitatifs et qualitatifs des systèmes éducatifs et à dégager les choix possibles des stratégies éducatives les plus efficaces. Le PASEC a vu le jour lors de la 43e session ministérielle de la CONFEMEN à Djibouti, tenue les 12 et 13 mars 1991.
Ce programme, créé par les ministres de l'Education des pays africains signataires, réalise des évaluations des acquis scolaires de l’enseignement primaire, en étroite collaboration avec les équipes nationales. Ses rapports et études, basés sur une méthodologie spécifique, contribuent au dialogue politique sur les questions de la qualité de l’éducation en Afrique francophone et dans l’Océan Indien. Le programme participe à la diffusion des méthodes d’évaluation et renforcement des capacités des pays du Sud. Les rapports et données produites sont rendus publics
(Source : Programme d’Analyse de Systèmes Educatifs de la CONFEMEN (PASEC). http://www.pasec.confemen.org/.